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Le Coronavirus & co !

  • Essa
  • 3 avr. 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 avr. 2021


Et me voilà, comme la quasi-totalité de la planète, confinée chez moi pour une durée indéterminée... Il va sans dire que ce que nous traversons est hautement anxiogène car nous n'avons jamais vécu une telle situation.

Nous devons rester à la maison, coupés de toute vie sociale et de divertissements pour combattre cette saloperie de virus... ce virus qui vit incarné dans nos corps et qui a rebaptisé temporairement autrui comme l'ennemi n°1 !


J'ai ma gorge qui s'est nouée en écrivant cela car c'est probablement le scénario le plus catastrophique qui soit. Vivre sans Autre, c'est vivre sans une immense partie de soi et ce n'est tout simplement pas envisageable.

Ce confinement soulève énormément de questions existentielles dans mon petit cerveau trop actif et je dois avouer que par moment, ces questions sont dérangeantes.


Retour en arrière sur ma vie d'avant , (ça fait du bien !)

Le lundi yoga, mardi piscine, mercredi apéro, jeudi re-apéro et mes week-end étaient bien rythmés par des séances d'étude (j'ai repris des études tardivement à côté de mon travail) , des sorties entre amis, des retrouvailles avec mes "boyfriends" du moment et des dimanches passés en famille. Et voilà que tout ce petit système s'est effondré comme un joli château de cartes du jour au lendemain pour laisser place à un vide.

Je dois admettre que je ne suis pas réellement à l'aise avec le vide même si il m'attire, au sens propre comme au figuré. Mais pourtant, on sait bien tous que si le vide dérange, c'est sûrement parce qu'il y a des choses que nous devons régler (et oui, encore !)


Cela faisait maintenant quelques années que je n'étais pas vraiment dans des modèles de relation "pro-attachement" et cela me convenait "parfaitement". Oui, parfaitement, dans la mesure ou je pouvais "remplir" mon temps avec toutes ces diverses activités très divertissantes et que je pouvais papillonner au gré de mes envies. Seulement là, non seulement ce n'est pas vraiment possible de continuer à vivre ainsi mais c'est carrément interdit.

Alors, j'ai scrupuleusement suivi les directives du Conseil Fédéral et n'ai continué à voir qu'une seule personne en qui j'ai suffisamment confiance pour me sentir protégée de ce satané virus.


Mais voilà que je réalise que cette seule et unique personne - que nous nommerons mon "ex sex friend" - prend de facto une place assez importante dans mon existence coronavirusaire. C'est circonstanciel, vous me direz, et quand tout sera redevenu comme avant, ça changera ! Oui, sûrement, Mais je me demande justement si je reprendrai le même mode de vie avec tant de légèreté après !?


Partager un semi-confinement (je dis semi car nous avons la chance de pouvoir encore espacer un peu nos rencontres puisque nous sommes voisins et pas en quarantaine stricte) avec quelqu'un, c'est partager une part de quotidien, une routine, en clair c'est tout ce que j'ai toujours voulu fuir depuis des années. Cette fois, ce n'est pas possible de faire différemment, soit on passe ce confinement seul, soit on le passe avec quelqu'un .... avec nos faiblesses réciproques.


Avant le confinement, nos rencontres étaient ponctuelles et assez espacées, ce qui revient à faire de chaque moment partagé un moment spécial. Un moment ou l'on se consacre pleinement à l'autre et pendant lequel rien ne vient entraver notre bulle. Je me rends compte en écrivant aujourd'hui à quel point c'est totalement idéaliste de vivre ainsi. C'est le risque zéro ou le contrôle parfait ou l'autre ne peut pas déborder, ou très peu.

Soulignons cependant qu'être idéaliste, en soi, ce n'est pas gravissime, non?

Mais, par opposition à ces moments suspendus, je réalise également la beauté qui réside dans ce pari fou de vouloir partager beaucoup plus avec quelqu'un. Découvrir ses imperfections, ses paroles inadéquates, ses gestes mal placés, ses peurs, ses faiblesses : en un mot réaliser qu'il n'est pas tout-puissant. Et cela me rappelle forcément à l'ordre : je ne suis pas toute puissante non plus . Damn !

Et voilà mes questions pseudo-existentielles reviennent : ces relations sans lendemain ne sont-elles pas une manière de contrôler l'instant et de mettre le futur en gel ? une manière totalement paradoxale de fuir le vide redouté.

La liberté tant recherchée et prônée dans ces types de liens serait-elle alors qu'une illusion qui nous enferme encore plus ? Je n'en ai pas la réponse.


Accueillir l'Autre dans son intimité , c'est accepter la surprise de la rencontre et c'est aussi se mettre dans une posture beaucoup plus vulnérable. Et pourquoi parlons-nous de vulnérabilité ? Et bien, là je ferai référence au Petit Prince, que j'ai revu la semaine dernière, et en particulier au renard. Accueillir quelqu'un, c'est l'apprivoiser et accepter d'être apprivoisé en retour en quelque sorte et c'est donc aussi s'attacher.

Extrait du Petit Prince, Chapitre XXI.

"Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens..."

- Créer des liens ?

- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...".


Mais soyons honnêtes, envisager une routine avec quelqu'un, ça fait peur !

Mais d'ou viennent ces peurs ? Peur de l'échec, peur de l'abandon, peur de souffrir, peur de trop s'attacher, peur de perdre sa liberté, peur de faire souffrir l'autre, peur de ne plus être désirée, peur de ne plus désirer, peur de se perdre....et surtout peur de s'ennuyer... Je pourrais continuer ainsi un moment !

Je me résigne donc un peu et accepte que la peur a probablement dicté mes choix de relations ces dernières années et continue à le faire. Soit.

Après tout, ce n'est qu'un mécanisme de défense et la peur est avant tout là pour nous protéger.

Du coup, on fait comment ? On respire profondément et on laisse les choses se faire ?

Oui, mais tout en gardant une vigilance accrue à ne pas projeter trop d'attentes sur l'autre, sur soi ou sur le lien. Pour donner une image, je pense que les attentes peuvent être comparées à des lierres. Il ne faut jamais les laisser pousser sans encercler ses racines dans la terre et les tailler régulièrement, sans quoi, ils étoufferont toutes les autres espèces.


La semaine dernière, j'ai rangé ma bibliothèque et suis tombée sur le livre de Christiane Singer, Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies que ma meilleure amie m'avait offert il y a 2 ans. Et voici un tout petit passage qui a raisonné en moi.

"Aimer c'est délivrer l'autre de mes bonnes intentions - et de moi-même."

Mais surtout n'oublions pas qu'aimer l'autre ou les autres, c'est s'aimer soi-même avant tout.



Petit + : Le plus "drôle" de cette histoire c'est que 2 semaines avant l'annonce du confinement, j'ai envisagé d'établir ce qu'on appelle une relation ouverte ! Perfect timing :-)

Le coronavirus nous convoquerait-il à adopter la monogamie ? (Du coup je me demande si ce n'est pas un coup du clergé tout ça !!)

Ou alors, à espacer les rencontres de minimum 14 jours pour respecter la période d'incubation ! En plus du préservatif, des MST, voilà que nous ne pouvons plus embrasser quelqu'un en toute insouciance ! Vive 2020, merde aux chinois, merde aux chinois qui mangent des pangolins et Ave la suite des événements....









 
 
 

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